Les parents, on profite du confinement pour jouer avec les enfants !

En ces temps de confinement, je voudrais m’adresser aux parents qui s’inquiètent (trop) de la scolarité de leurs enfants, sont (trop) présents pour faire faire les devoirs, veulent (trop) contrôler, vérifier, expliquer, ré-expliquer… Et leur rappeler deux-trois petites choses qui pourraient les rassurer et réconforter.

  • Les recherches en psychologie cognitive* montrent que c’est normal de faire des erreurs récurrentes, et que c’est rarement en « ré-expliquant » pour la nième fois la règle qu’on résout le problème, mais plutôt en discutant avec l’apprenant du « piège » qui l’amène à se tromper, et en le rassurant : les adultes aussi, font des erreurs de logique, plus souvent qu’on ne le pense !
  • C’est par ailleurs en se trompant qu’on apprend : le cerveau est ainsi fait qu’il progresse en analysant les messages d’erreurs qu’il reçoit par rapport à une prédiction qu’il a faite, et en ré-ajustant petit à petit ses hypothèses et réponses.
  • Le cerveau mémorise et retient mieux les informations transmises dans un contexte émotionnel positif : les prises de tête autour des exercices de maths sont non seulement improductives, mais elles rendent les futurs apprentissages dans cette matière encore plus difficiles.
  • Le contrôle cognitif, indispensable en société mais aussi pour apprendre et réfléchir, est actuellement considéré comme un meilleur prédicteur de la réussite*, que ce soit scolaire ou professionnelle, que le QI. Et comment il s’exerce, s’apprend, ce contrôle de soi (appelé aussi capacité d’inhibition ) ? En….jouant !*
  • Alors chers parents, profitez de ces temps de confinement avec vos enfants pour faire des jeux de société avec eux, ils apprendront ainsi à retenir une règle, à l’appliquer, à changer de stratégie en fonction des résultats et de ce que font les autres, à attendre leur tour ; ils apprendront aussi, en jouant, que « tant que ce n’est pas perdu ça peut encore gagner ! » et plein de belles choses encore comme le fait qu’on peut perdre, et pourtant avoir beaucoup appris.
  • Profitez aussi de ces temps de confinement pour leur lire et leur raconter des histoires, et en parler avec eux. Pour visiter avec eux tous ces musées qu’on peut découvrir en ligne,  et parler avec eux d’un tableau, d’une statue : qu’est-ce que tu éprouves comme émotions, sentiments, sensations, envies, peurs, espoirs quand tu vois ce tableau ? L’opéra de Paris met en ligne des ballets, des opéras : émerveillez-vous avec vos enfants devant « Gisele » ! La comédie française met en ligne en accès libre et gratuit tous ses spectacles. Regardez une pièce de théâtre avec vos enfants, ils s’en souviendront toute leur vie. Faites et écoutez de la musique avec vos enfants, et parlez-en : qu’est-ce que cette musique te dit ? Quand ils passeront le brevet, ou le bac, en français et en philo, ils tomberont vraisemblablement sur des sujets comme : « Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art ? Une oeuvre d’art doit-elle délivrer un message ? En quoi la lecture, l’art, la culture participent à l’épanouissement d’une personne, à son bonheur, à sa liberté ? Une pièce de théâtre peut-elle être appréciée si elle est seulement lue, qu’apporte de plus sa mise en scène etc…». Ces temps de culture partagés avec vous leur seront bien plus utiles que ceux où vous vous serez  disputés à propos des devoirs. Et ils deviendront d’inoubliables et heureux souvenirs.

Bien-sûr, je le sais, vous faites déjà tout cela, sûrement, et tant mieux, parce que l’éducation d’une personne se construit tous les jours d’une vie. Mais il me semble que cette période si particulière de confinement s’y prête merveilleusement. Profitez-en. Profitez les uns des autres.

 

Courage et santé à vous.

 

Laurence Tournié

Niort, mars 2020

 

* Pour plus de détails voir les recherches menées par Grégoire Borst et ses équipes au Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Education (LaPsyDE)

* Olivier Houdé, apprendre à résister, éditions du Pommier, 2014

* Adele Diamond, Apprendre à apprendre, les dossiers de la Recherche, N°34, 2009

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